L’ex-grand flic lyonnais Michel Neyret est jugé depuis le 2 mai devant le tribunal correctionnel de Paris. Trois policiers comparaissent pour les mêmes motifs. Ils ont été appelés à la barre mardi.
La police face à la justice. C’est l’image qui reste de l’audience devant le tribunal correctionnel de Paris, mardi 10 mai. Une police incarnée par des visages : le premier est rond, le deuxième plus creusé et le troisième agrémenté d’une barbe discrète en collier. Jean-Paul Marty, capitaine, Gilles Guillotin, commandant, et Christophe Gavat, commissaire. Les trois hommes sont à la barre. Et il y a, en arrière-plan, la figure de Michel Neyret
L’ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise les a entraînés dans sa chute. Tous sont renvoyés devant la justice pour « trafic de stupéfiants, détournement d’objet placé sous scellés et association de malfaiteurs ». Car des écoutes révèlent que Michel Neyret a tenté de se procurer auprès de ses collègues de la résine de cannabis ayant fait l’objet de saisies. L’objectif était de rémunérer en nature des « tontons », ces fameux informateurs de la police. Cette pratique, encore fréquente selon les informations de France Info est au cœur du second volet de ce procès, entamé le 2 mai.
Jean-Paul Marty est le premier appelé à la barre. Il était chef d’un groupe au sein de la brigade des « stups » de Lyon au moment des faits. C’est le seul qui reconnaît avoir remis des stupéfiants à Michel Neyret. Il raconte comment il a saisi 296 kilos de cannabis avec une équipe, le 24 juin 2011. « C’était un vendredi soir, je pense. » Comment il a constitué des scellés avec ses collègues jusqu’à 3 heures du matin. Et comment il a rangé dans son armoire trois « savonnettes » de cannabis oubliées dans la confection de scellés, en se disant « on verra demain ». « J’ai fait une connerie, j’ai pas fait de PV à ce moment-là », regrette-t-il à l’audience.
Il dit avoir oublié la drogue pendant quelques jours. Jusqu’à ce que Michel Neyret lui demande : « Est-ce que la destruction s’est bien passée ? Est-ce que vous avez pensé à moi ? » « J’ai donné les trois plaquettes de cannabis que j’avais à ce moment-là pour donner le change et me libérer de la pression que j’avais », explique-t-il. Soit 300 grammes sur la totalité. Or, dans certaines conversations, il est question de « 10 à 15 kg » de cannabis « récupérés » via le même procédé, soit bien plus.
Le capitaine de police précise que Michel Neyret n’était pas son chef direct. « C’était une période où notre cheffe était absente, elle était en congé maternité. » Une période pendant laquelle Jean-Paul Marty a eu affaire à Michel Neyret, trois mois avant son arrestation. Le célèbre flic lyonnais n’avait pas encore perdu de sa superbe. « Un grand monsieur. » Il était « autoritaire, certes, mais il prenait ses responsabilités », décrit Jean-Paul Marty.
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