Trois sur dix. Trois, c’est le nombre de sociétés françaises sur les dix condamnations les plus élevées prononcées aux États-Unis sur le fondement du Foreign Corrupt Practices Act. Ainsi, les entreprises françaises sont plus sanctionnées aux États-Unis qu’en France ; et l’hexagone n’échappe pas aux critiques de plus en plus vives de la part de la communauté internationale, lui reprochant son manque de crédibilité en matière de lutte contre la corruption.
En réalité, le retard s’avère d’autant plus grand que les enjeux de la lutte anticorruption s’intensifient, dans un contexte de défiance démocratique par ailleurs prégnant. À la difficile répression de faits occultes s’ajoutent en effet la complexité grandissante et le caractère transnational des pratiques de corruption et de fraude.
Jusqu’à présent, la faiblesse des moyens et pouvoirs mis à la disposition du Service central de prévention de la corruption (SCPC) n’étaient donc pas à la hauteur. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer les limites actuelles du système : l’insuffisance de coordination et de centralisation de l’action des pouvoirs publics, la déperdition d’informations liée au morcellement des structures compétentes pour détecter ce type d’infractions (SCPC, direction générale des finances publiques, direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, Cour des comptes, chambres régionales des comptes, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, Tracfin, services de police, services de gendarmerie, etc.) .
Or, s’il y a bien une question qui a marqué les débats parlementaires, c’est celle de la mise en place d’un nouvel organe centralisé et entièrement dédié à la lutte anti-corruption. L’ambition affichée du Gouvernement, c’est d’instaurer une agence anticorruption puissante, réunissant les meilleurs talents, et inspirée des pratiques internationales les plus efficaces. Surtout, il s’agit de lui donner une dimension interdisciplinaire et d’assurer une double culture résolument judiciaire et économique en son sein. Comme on le sait, le traitement de plus en plus exigeant des dossiers suppose à la fois des compétences solides sur le plan juridique, mais aussi dans les domaines économiques et comptables.
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