Le 6 janvier, Sissoko Denko, jeune Malien, est tombé du huitième étage de son foyer, à Châlons-en-Champagne. Suicide ou accident, sa mort reflète la situation inextricable dans laquelle sont laissés les mineurs isolés étrangers.
C’est une tour sinistre. Neuf étages décatis aux vitres qui tremblent dans le vent glacial, une façade striée de longues traces noires d’humidité. A l’arrière, des marches et un trottoir défoncés, un parking aux voitures mal garées, une rangée de poubelles ouvertes et des bouteilles en plastique qui roulent dans les flaques d’eau.
Le 6 janvier à 21 h 12, c’est là, au pied du foyer Bellevue, à Châlons-en-Champagne (Marne), que les pompiers ont découvert un jeune homme, décédé quelques minutes plus tôt. Ils avaient été appelés par le concierge, alerté par un résident. Puis la police est arrivée. Au huitième étage, une fenêtre était restée ouverte : celle de la chambre 796, où vivait le garçon, Sissoko Denko, mort de sa chute. Depuis, la porte vert pâle de la 796 est fermée. Le corps de Sissoko Denko a été rapatrié et enterré au Mali, son pays natal, après une collecte de dons. Le procureur, Eric Virbel, s’apprête à refermer le dossier instruit sans témoins, «sans savoir s’il s’agit d’un suicide ou d’un accident».
L’enquête pourrait toutefois reprendre. D’après nos informations, les parents de Sissoko Denko ont déposé plainte contre X pour «homicide involontaire», «mise en danger de la vie d’autrui», «délaissement» et «non-assistance à personne en danger». Bagou Sissoko et Keita Dialy, des cultivateurs de la commune de Dindanko, dans la région de Kayes, estiment que leur fils aîné, «mineur isolé étranger», «n’a pas fait l’objet d’une protection et d’un suivi adéquats», selon leur avocat, Me Emmanuel Daoud. Toujours d’après nos informations, une enquête du Défenseur des droits a été ouverte afin d’éclairer un éventuel «dysfonctionnement de service public» au sein du service d’accueil des mineurs isolés étrangers (Samie) du conseil départemental de la Marne, sans dire son appréciation du dossier.
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