Dernières plaidoiries au tribunal de l’Ile de la Cité. A l’heure du départ, les avocats se souviennent de terribles et drôles leçons d’humanité dans les salles d’audience du « vieux palais », comme on l’appelle désormais.
ll y a 65 ans, le pénaliste Henri Leclerc entrait au palais pour la première fois : « C’était une ville qui bruissait d’histoires. Certains avocats portaient encore la toque et les dames étaient en chapeau ».
Jeune avocat, dans la salle des « flagrants délits » devenue celle des comparutions immédiates – « les compas » -, il défend un Yougoslave. « Il avait volé du lait pour se nourrir. Il ouvrait une bouteille, en buvait une gorgée, puis la refermait avec précaution. Un policier l’a surpris et j’ai été appelé pour sa défense. J’ai axé ma plaidoirie sur le malheur du monde. J’étais très satisfait, le président m’a félicité… avant de le condamner à six mois ferme. Ce jour-là j’ai appris une grande leçon: l’éloquence ne suffit pas, il faut convaincre ».
Emmanuel Daoud se souviendra longtemps du « choc de la compa ». Un gars l’interpelle depuis le box : « Emmanuel, qu’est-ce que tu fais-là? C’était Laurent D., le mec dont toutes les filles étaient folles au lycée, yeux immenses et sourire ravageur. Il était devenu toxico, on lui reprochait d’avoir incendié une voiture qu’il avait volée pour y dormir. »
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